A l’Est, les fonds européens délaissent la transition énergétique
27 January 2016, Journal de le'nvironnement
Abondés par les financements de l’Union européenne, les pays d’Europe de l’est et d’Europe centrale ne les emploient que rarement à des solutions de transition énergétique, dénonce l’association Les Amis de la Terre Europe dans un rapport publié mardi 26 janvier.
Selon l’association, seuls 7% des 178 milliards affectés à ces neuf pays [1], aussi bien par le Fonds européen de développement régional (Feder) et le Fonds de cohésion pour la période 2014-20 [2], sont orientés vers les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et les «smart grids».
Requise par l’UE, «l’intégration de considérations climatiques dans l’ensemble des plans et des projets demeure de surface», estiment Les Amis de la Terre Europe. Dans les faits, la plupart de ces fonds sont affectés au charbon, au gaz et à des transports polluants, «enfermant ces pays dans la dépendance aux énergies fossiles, au détriment des renouvelables et de l’efficacité énergétique», juge Markus Trilling, spécialiste des financements européens au sein de l’association.
De nouvelles chaudières à charbon
Parmi les divers exemples cités, ceux de la Pologne et de la République tchèque, qui financent le remplacement des vieilles chaudières à charbon par de plus récentes, sous prétexte de mieux protéger l’environnement. Ou encore ceux de la Croatie et de l’Estonie, qui emploient les fonds européens pour des extensions d’aéroports, projets auxquels ils ne devraient pas être affectés.
Selon le rapport, «les infrastructures d’énergie et de transport construites maintenant détermineront les motifs de consommation et de production, dont les émissions de gaz à effet de serre, pour les prochaines décennies. [Ces pays] empêchent les investisseurs publics et privés de s’assurer de la sécurité de leurs investissements» dans la transition énergétique, déplore l’association.
Selon elle, l’UE doit veiller avec plus d’attention à l’emploi de ses fonds, pour s’assurer que les projets soient bien compatibles avec ses objectifs d’atténuation. Et ce en coupant les vivres à tout projet revenant à financer, directement ou non, les énergies fossiles.
[1] Pologne, Estonie, Lituanie, Lettonie, Slovaquie, Hongrie, Roumanie, Croatie et République tchèque.
[2] Le Fonds de cohésion, le Fonds social européen et le Feder sont les principaux outils de soutien aux investissements dans les infrastructures en Europe. Sur la période 2014-20, ils s’élèvent à 351 milliards d’euros répartis entre les 28 Etats-membres.