La Banque européenne d’investissement promet de financer davantage les énergies renouvelables
24 July 2013, Le Monde
La politique de prêts de la Banque européenne d’investissement (BEI) dans le domaine de l’énergie est, de longue date, dans le collimateur des ONG. Et les gages environnementaux donnés par le bras financier des vingt-huit Etats européens n’ont pas l’air de les convaincre. La BEI a précisé, mardi 23 juillet, au Luxembourg, sa stratégie dans ce secteur, sur fond de polémique sur le soutien qu’il entend apporter aux centrales au charbon, voire au gaz de schiste.
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En prélude à la décision, une alliance d’ONG, comprenant Les Amis de la Terre, le Réseau Action Climat et Attac a même demandé au gouvernement français “qu’il s’oppose à ce que la banque continue de financer les énergies fossiles, et en priorité le charbon et les gaz de schiste”.
Selon ces ONG, les garanties proposées ces derniers mois par l’établissement pour encadrer les prêts aux projets énergétiques seraient insuffisantes, voire “dépassées”, à l’heure où différentes instances se sont engagées, comme l’Agence française de développement ou la Banque mondiale, à limiter très strictement le financement de centrales au charbon. Pour les ONG, la BEI devrait plutôt affecter ses importants moyens à la “transition énergétique” afin de contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique.
“Si la BEI formule des standards de performance d’émissions et demande le respect total des récentes directives européennes, le niveau de ces standards est moins ambitieux que [celui] mis en place au Canada, et même que celui porté par le président Barack Obama pour les Etats-Unis”, selon Les Amis de la Terre.
“CE SONT LES ETATS QUI DÉCIDENT”
Plus grave, selon eux, la BEI se laisserait une porte de sortie pour ne pas respecter ces normes : elle préciserait en effet que, dans les cas où “une centrale contribue à la sécurité de l’approvisionnement” de l’Union européenne (UE), ou quand “elle contribue à la réduction de la pauvreté et au développement économique hors de l’UE, elle pourra être financée sans respecter aucune de ces conditions environnementales, au nom d’un principe d’exception”.
Les critiques laissent la banque de marbre. “Les reproches ne sont pas très nouveaux”, argue-t-on au Luxembourg : “Ce sont les Etats qui décident, et qui, au final, sont maîtres de la composition de leur bouquet énergétique.” Bref, la banque se considère comme “neutre” sur le plan des choix énergétiques faits par les capitales.
“Au cours des cinq dernières années, les prêts de la BEI à l’appui de projets relevant de la production d’électricité à partir de combustibles fossiles ont considérablement diminué, justifie la BEI. Les fonds accordés durant la même période aux centrales à charbon ou au lignite représentaient moins de 1,5 % du total des financements accordés dans le secteur de l’énergie.”
Aucun nouveau prêt n’aurait été approuvé en 2012 en faveur de centrales électriques à charbon. En vertu de sa nouvelle stratégie, la BEI promet surtout de concentrer ses financements sur des projets relevant de l’efficacité énergétique, des énergies renouvelables et des réseaux d’énergie.
Sans oublier la recherche et l’innovation, dont on estime qu’elles nécessiteront les plus gros investissements dans les années à venir, pour cause de pénurie d’énergies fossiles.
Institution: EIB